Bonjour Cabine !
Téléphoner, mon âme
Jadis, deux cabines siamoises tenaient des conversations estivales. Allo, Françoise, je suis bien arrivé. Allo, j'ai mon frigo en panne. Allo, il fait beau. Allo, Lucien vient demain. Allo, ça va toi ? Allo, on a fait bon voyage. Allo, je te passe ta fille. Allo, on est allé à la Jonquera. Allo, je repars samedi.
Un jour, il y a eu une violente dispute, cris et injures, rupture téléphonique.
Parfois d'étranges bip s'échappaient des cabines. Appels désespérés sous le soleil.
Vers 18h, il arrivait qu'une petite queue se forme.
Cela parlait fort, pour être entendu de loin.
Cela parlait porte ouverte, pour la chaleur.
J'étais aux premières loges.
Un jour, l'une des soeurs a retenu prisonnier un ballon plusieurs heures.
L'une des soeurs accepte de servir de panneau d'affichage : vide-grenier samedi matin.
Puis, les portables ont colonisés le monde. Les cabines ont été de moins en moins courtisées. Et voici l'une d'elle vandalisée. Personne ne la plaint. Personne ne la soigne. Petite cabine pour communiquer avec l'Incommunicable. Et sa porte est coincée.
Je te salue cabine. Ton heure de gloire est passée