- AniLouve, tu sais qu'il ne te reste plus beaucoup de temps ?

- La pendule d'argent qui dit oui, qui dit non, et qui nous attend. Oui, je sais.

- Idiote ! Il te reste 24 minutes pour le bonjour du jour.

- Ah, ça ... OK, je me dépêche. Bonjour le jour.

- Le bonjour du jour, ce n'est pas saluer le jour, c'est me saluer MOI, aujourd'hui.

- J'ai un peu de mal aujourd'hui.  Bonjour MOI.

- Tu dois dire "Bonjour le minuteur".

- Minute, heure, secondes, dixièmes de secondes, bonjour tout le monde. Et bonjour le minuteur.

- Dringgg ...

- Tais-toi. J'ai fini. Salut le minuteur.

J'aime beaucoup l'idée que des enfants d'Izumo aient fait des dessins exprès pour nous. Et j'aime bien leurs dessins. Mais pourquoi ont-ills mis des cravates aux feuilles des figuiers ?

J'aime particulièrement le bras du petit gourmand : "go-go-gadgeto-bras !"

Et maintenant que la foire est finie, que les stands sont démontés, quel devenir pour ces dessins ? Retour à Izumo, poubelle, petite exposition à l'école du village tandis que les dessins des enfants d'ici partent au Japon ?

Salut les dessins, merci les enfants. On n'a pas oublié le tsunami.

Bonjour , le bonsaï.

Dis-moi, Bonsaï, je viens de goûter de la confiture de figue fabriquée au Japon, j'ai trouvé cela bien marrant, vu qu'il y avait aussi en dégustation des centaines de confitures de figue fabriquées à moins de 100 km de chez moi. Tiens, par exemple une gelée de figue au piment d'espelette, un délice. Et de la tapenade à la figue, un régal ... Bon, ne nous égarons pas. Tu viens du Japon, toi, ou tu es du coin ?

Tu es du coin. Alors, je ne sais pas si tu vas pouvoir me dire : rapetisser les arbres, c'est comme rapetisser les pieds des filles ? Et ça fait mal ?

Non, je plaisante. Dis-moi plutôt, un figuier bonsaï, cela fait des figues bonsaïs, des figues normales, ou pas de figues du tout ? Je parierais que cela ferait des figues bonsaïs si on laissait les blastophages faire leur boulot, mais qu'on évite de le faire fructifier.

Et pourqui, je ne sais pas cela ? Il faut vraiment que je cherche sur le net ? Ou alors, demain, je retourne te voir et je demande à ton patron.

Salut, petit figuier. Surtout, ne grandis pas.

Chayote, Brionne, Sechium edule en botanique, Christophine aux Antilles, Chouchou à la Réunion
Curcubitacée qui grimpe où elle peut.

Acte I Scène I
Alexandra et Alise (Dans le dos d'AniLouve)

- Tu as vu, Alise, AniLouve ne sait même pas comment nous nous appelons.
- J'ai vu Alexandra, elle nous fout la la honte.
- Une semaine déjà qu'elle nous a achetées, et nous sommes toujours dans le panier à légume.
- Nous perdons toutes nos vitamines. Et cela me démange de commencer à germer.
- Moi aussi, j'ai la graine qui me chatouille. Je crois bien qu'AniLouve ne sait pas comment nous cuisiner.
- Une fois, dans un restaurant antillais, elle a mangé nos tantes en salade tiède.
- Et une fois, elles a cuisiné nos soeurs en gratin.
- Oui, mais cette fois là, elle s'est fâchée et est partie se coucher sans manger.
- Colérique, négligente, et flemmarde. Elle pourrait tout de même chercher sur Internet.
- C'est fait, ma belle. Ce midi, elle frit les patates douces et ce soir, c'est notre tour.
- J'espère que tu ne tiens pas ce renseignement de Butter'Nut. Il raconte des craques. Mais dis-moi vite : crues ou cuites ?
- Elle va nous rapper, nous mélanger avec du riz cru, un oeuf, du fromage, de la crème et du lait, cuisson au four. Ce sont les pommes qui l'affirment et elles sont toujours bien informées.
- J'espère qu'elle mettra des épices aussi, des échalotes et de l'oignon. J'ai toujours rêvé de finir ma vie avec une échalote.
- Oh ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, avec une échalote ...

Salut Alexandra et Alise. On se voit ce soir au souper.

L'agate est une variété de calcédoine qui se caractérise par des dépôts successifs de couleurs ou de tons différents.
Elle doit son nom à une rivière de Sicile dans laquelle elle abondait.

- Bonjour AniLouve. Pourquoi ne suis-je pas le vrai cadeau ?
- Tu te mets dans le paquet, on te ficelle joliment, et le garçon déchire le paquet. Mais le garçon préfère le chèque.
- Alors, tu n'as qu'à mettre le chèque dans le paquet-cadeau, et moi je reste sur ton étagère.
- Non, ma Grande. Le garçon a droit à une surprise, un quelque-chose pour de vrai. C'est statutaire jusqu'à 18 ans.
- Explique-moi encore cette histoire de chiffre en plus. Tu veux dire un an en plus ?
- Un an en plus, bien sûr, mais également un chiffre de plus pour dire son âge. Les unités ne suffisent plus. Maintenant, il faut un chiffre pour les unités et un chiffre pour les dizaines.
- J'ai compris, j'ai compris ! Et dans 90 ans, il faudra encore un chiffre, pour les centaines. Et dans 990 ans ...
- 990 ans, c'est beaucoup, tu sais, pour nous les humains.

Salut Agate. Veille sur le garçon.

- Hé, les garçons, vous n'avez pas trop froid ? Ne restez pas enfermés dans le congelo, venez prendre  le soleil, respirez un peu d'air pur.

- Non merci. Nous ne voulons pas être délogés de notre chez nous. C'est mauvais pour notre santé et pour notre moral.

- Ha ! vous avez donc lu le commentaire de xavier. Que faire ?

- Nous sommes de malheureux glaçons isolés dans nos bacs, sans réseaux sociaux, sans droit de grève, nos voix ne comptent pas. Nous pouvons juste fondre dans un violon, ce n'est pas forcément une bonne idée.

- Trois cents personnes sous la tente, sous la grêle, sous la pluie, dans le froid, et même là on ne veut pas d'eux. Je n’aimerais pas habiter dans le pays où de telles choses sont possibles.

- AniLouve, tu devrais republier le bonjour de xavier, que tout le monde le lise, au moins dix personnes, ça va cartonner.

- Bonne idée les garçons. Salut.

Xavier a écrit :

Salut les épingles. Hier sur les camp des 300 expulsés de Montreuil, la grêle s'est férocement abattue. Les bâches en plastiques que certains osent appeler des "tentes" ont mal résisté. Le sol était si mouillé, il est évident que cette nuit, ils vont dormir couchés dans la boue. On fait un peu connaissance, les gens du quartier passent parfois. C'est des gens comme vous, comme moi, acculés par la Mairie ce sur terrain même pas municipal.Il faut baisser les yeux pour voir ce qui les différencie de nous : leurs chaussures sont blanches, recouvertes de boue séchée.
Aujourd'hui, le département a envoyé un huissier sur place pour signifier l'occupation illégale de ce terrain départemental. Où passeront-ils l'hiver ?
On pensait indigne qu'ils le passent dehors sur ce terrain. Ils risquent de ne même pas pouvoir y rester. Je salue ici ces 300, tous les bénévoles sur place. Je salue Mathilde mon amie qui y passe toutes ses journées, ces énergie déployées pour quelques actes solidaires mais dérisoires que des fonctionnaires de l'état viennent anéantir en roulant des bouches en cul de poule "c'est notre travail".
J'ai déjà du mal à envisager qu'on puisse embrasser une carrière médicale de proctologue dédiée à l’auscultation de trous du cul. Je ne comprends pas du tout la vocation de trous du cul de l'état.
Nous avons mis une pétition en ligne pour les soutenir.
http://www.petitionenligne.fr/petition/300-personnes-expulsees-a-montreuil/1780

Tous à l'abri. Les épingles femelles et les bébés épingles d'abord. Vous avez bien fait de quitter votre pot. C'est un pot percé mais l'eau ne s'en écoule pas. C'est bête.

Je vois que vous vous dirigez vers la  porte de la salle de bain. Mauvais plan. Je ne crois pas que l'on va vous laisser entrer. Cette nuit, il a plu dans les toilettes. Sur ma collection de Nationnal Geographic. Et sur ma collection de rouleaux de papier Q. Actuellement, Il y pleut à nouveau. Quelques gouttes visent directement le bac des WC. Cela douche.

La faute à la météo. Depuis qu'ils y ont inventé le terme "Episode Cévenol", les voilà qui cherchent à rentabiliser leur invention.

Les épingles, j'ai bien peur que vous allez devoir passer la nuit sur la terrasse, alongées sur le sol. L'auvent ne vous protège même pas de la pluie. Mais le soleil reviendra.

Salut les épingles. Salut les sans-abri et les mal logés.

ENTRETIEN D'EMBAUCHE

Suivant.
- Vous savez chanter la Carmagnole ?
- Oui.
- Vous parlez anglais ?
- Couramment.
- Vous avez un permis de travail ?
- Oui.
- Engagée, colonne C, poste 10.

Suivant.
- Quel est votre niveau d'étude ?
- Bac + cuvette.
- Que diriez-vous de votre caractère ?
- Je suis très douce.
- Etes-vous superstitieuse ?
- Oui.
- Engagée, colonne E, poste 13.

Suivant.
- Situation de famille ?
- Je suis célibataire. J'appartiens à une famille nombreuse et j'ai 7 soeurs à charge.
- Tu t'entends bien avec les lapins ?
- Très bien.
- Est-ce que tu joues au badminton ?
- Oui.
- Engagé, colonne K, poste 7

Suivant.
 ...

Salut les carottes. Vous faites du bon boulot.

Parfois, en province aussi ... la Culture.

Vu de par ici, c'est un poisson et vu de par là-bas, ce sont deux demi-cercles dans des plans orthogonaux.

Des réseaux de fils qui s'alignent ou modélisent des volumes.

Des inclusions. Des réflexions. Des formes que l'on voit ou non.

De l'acier, du verre, du nylon, du plexiglas, du marbre, de l'acrylique sur mdf (mort de faim), du papier, du carton.

Des spots qui décrivent aléatoirement des cycloïdes cardioïdes et autres volutes.

Cet après-midi, j'ai remis mes perceptions en question. Et l'art en questionnement.

Et j'ai dévoré une fraise tagada qui avait survécu au vernissage.

Salut l'art concret. Sympathique.

Grégaires, les petites coccinelles jaunes. Elles s'agglutinent près de la porte, très impatientes. M. leur a promis une petite virée souterraine. Alors depuis hier, elles se roulent  devant l'entrée pour ne pas être oubliées. D'ordinaire, elles sont interdites de maison alors elles en profitent. Elles meublent l'attente en se demandant qui aura l'honneur de couvrir le Chef. Mais ce dernier dispose d'une coccinelle personnelle. Il se pourrait même qu'il en ait adoptées plusieurs qu'il planque au garage.

Or donc, ce matin dès l'aube, M. a embarqué son matériel. Et pour qu'en l'absence de sa ménagerie je ne me sente pas trop seule, il a déposé une offrande sur ma table de nuit.

Offrande brute. La poésie, c'est pour plus tard.

Petit déjeuner au lit, j'adore. Merci M. J'espère que les coccinelles s'amusent bien. Probablement en train de rentrer à cette heure.

Salut les casques. Petit pain au chocolat, tu fus délicieux.