Vous l'avez repéré sur l'image d'hier ? Un des "monuments" les plus emblématiques de la ville d'Alès, le CRASSIER. Avant de le saluer, qu'il se présente un peu.
"Bonjour les visiteurs.
Il fut une époque où les mines d'Alès étaient florissantes, l'air plein de poussière et tout un chacun pouvait s'attendre à tout moment à recevoir une escarbille dans l’œil. J'étais alors un jeune crassier, puis un crassier adolescent jusqu'à atteindre l'âge adulte. 80 mètres de haut, 360 000 m3 de résidus dont encore pas mal de charbon.
Puis les mines ont fermé, Alès est devenu moins noire, l'air moins pollué, j'ai cessé de grandir mais j'ai continué à dominer la ville. On me repérait de loin, terril gris ou luisant sous la pluie.
Le temps a passé. Quelques herbes courageuses se sont aventurées sur mes flancs, et même des arbres, je me demande d'ailleurs si par hasard on ne les aurait pas aidé. J'arborais alors un magnifique manteau vert. Je ne faisais plus honte à la ville. J'étais réhabilité. Heureuse période.
Hélas, hélas ...
Quarante ans après la fermeture de la dernière mine d'Alès, j'eus des frissons, des fourmillements, une grosse fièvre. En fait, un petit feu de forêt, rapidement maîtrisé, avait réussi à enflammer certains de mes arbres et de racines en racines, favorisé par ma consistance granuleuse, le feu s'est transmis, progressant vers mon coeur. Mon charbon a commencé à bruler. Depuis je me consume de l'intérieur.
Les premières semaines, je me suis consumé en cachette. Puis les habitués du centre équestre voisin ont été alertés par la chute sans raisons apparentes d'arbres proches (sapés à la racine). L'alarme est sonnée. Je suis devenue une menace pour la ville. Risque d'explosion. Risque de formation d'une nappe de monoxyde de carbone. Je suis un Danger. On évacue même un hôpital. On fait venir à mes chevets un médecin spécialiste des brûlures de terril, l'ingénieur Plaquette. On me chatouille, on me gratouille, on m'opère, je suis bien malade.
Aujourd'hui je suis en convalescence. Mais c'est difficile de se débarrasser de ses mauvaises habitudes. En juillet prochain cela fera dix-huit ans que j'essaie d'arrêter définitivement de fumer. Usuellement, j'y arrive mais parfois après la pluie, je me remets à fumer"
Salut Crassier ! Continue à essayer. Et si tu peux, surveille les roses.
♦ ♣ ♦ ♣ ♦ ♣ ♦ ♣
Je me suis inspirée de cette publication, où il y a aussi quelques photos intéressantes.