Dis-moi, Père Noël, m'as-tu écrit ?
Tu sais que je regarde tous les jours dans la boîte, tous les jours j'attends une lettre sympa, des nouvelles d'un ami, une invitation, l'avis que j'ai gagné à un super concours auquel je n'ai pas participé, une surprise,
Je reçois des pubs, et encore des pubs, des factures, des relevés bancaires, encore des pubs, et des catalogues. Tous les jours, une déception. Et parfois même, des emmerdes.
Pourquoi tu ne m'écris jamais Père Noël ? C'est juste parce que tu n'existes pas ?

Salut le père Noël ! Salut la boîte !

La persévérance paie. A force de parler aux objets, les objets me parlent.
Ce petit train m'a dit : "Je suis le chien. Veux-tu faire wouaf wouaf comme moi ? "
Wouaf wouaf.
Alors le train a dit " Je suis le chat. Veux tu miauler comme moi ? "
Miaou. Pas trop de suite dans les idées ce train.
Après, le train s'est emballé.
"En voiture". Sifflement. Sonnerie de téléphone. "Je veux parler au chien", "Passez-moi le conducteur" ,"Do, ré, mi", "A tchoutchou pouet pouet la locomotive, a tchoutchou pouet pouet qu'est-ce qu'elle fait-là ? ", "En route pour un voyage passionnant".

Je n'ai pas dû réagir comme le train le souhaitait. Subitement, il a dit "A bientôt" et il s'est tu.

Je garantis qu'il s'agit bien d'un train. La preuve : la blondinette de trois ans a ramené son copain pour lui faire admirer le vieux matelas au sol sur lequel on a le droit de sauter depuis le tabouret proche. Elle lui a donc expliqué  : "c'est un matelas", "c'est un tabouret". Le copain n'avait d'yeux que pour le train. "Et ça, qu'est-ce que c'est ?". "C'est un train".
Imparable. Si tout pouvait être aussi simple.

Salut le train ! A Tchoutchou Pouet Pouet !

Il n'y a pas d'âge pour les petits pâtés de sable.
Je dispose de toutes sortes de moules, poisson (rouge), ancre, canard et autres. Mais l'étoile est incomparablement plus efficace. Sable fin ou grossier, humide ou très humide, il en ressort toujours un semblant d'étoile.
C'est un modèle à succès ; personnellement, j'en possède deux, exactement aussi jaune l'une que l'autre. Quelques pustules par ci par là.

Hier, l'une d'entre elle a voulu faire une farce. Étoiler le riz !!! Un triomphe. Mais attention à l'engrenage. "Tu sais Mamie, la dernière fois ..."

Salut Étoile des mers ! Première étoile de ma cantine.

Recycler, oui, très bien, mais je n'ai qu'une -petite- poubelle ! Tout le recyclable, papiers, verres et emballages, est donc  stocké dans mon super panier à recyclable en attendant, promenade du soir, d'être dispatché dans les trois containers  qui tiennent conférence à 300 mètres de chez moi.

Le panier se plaint de son sort. Il ambitionnait d'être un panier de plage, serviettes, seaux, pelles et tralala. Il avait la carrure d'un grand panier à légumes, carottes, courgettes, navets et poireaux, pêches, abricots et scoubidous. Les emballages, c'est la déchéance. Il a honte.

Salut le panier ! Merci à toi. Nous irons bientôt te vider.

Tu sais, Génie du figuier, que j'aime m'installer à tes pieds, sur le lafuma, et lire un brin dans la douceur du soir ? Mais pourquoi lances-tu des invitations à toute la gente ailée locale, qu'elle vienne profiter de tes lumières ?
Tu sais, je brûle des spirales et c'est pour elle une mauvaise magie.

Génie du figuier, est-ce que tu exhausses les vœux ? Est-ce que tu joues de la musique ? Tu racontes des histoires ? Tu connais des secrets ?

Comment ??? Tu n'es qu'une vulgaire baladeuse et tu veux m'envoyer balader ? Tu n'as jamais entendu parler d'Aladin ni des baladins ? Tu ne connais pas la ballade de Noble Dame Paillasse ? Tu ne connais aucune étoile ? Prosaique ...

Salut Génie du figuier ! Salut les quincaillers !

Vous vous rappelez la petite saleté rouge, l'olibrius de pacotille, le minus des minus, celle qui servait de charnière à la branche droite de mes superbes lunettes neuves. ?
Belote et rebelote, la petite saleté s'est encore fait la malle, cassée, fendue, usée, INOPÉRANTE.

Si ce n'est elle, c'est donc sa soeur, la saleté de gauche.

Mes lunettes s'en tordent de douleur. Je leur en ai promis une nouvelle, de saleté, un bidule rouge neuf, mais pas tout de suite. Collant inefficace, lunettes  remisées dans le tiroir, seconde paire au rapport.

Screugneugneu de bidules, vous exagérez toi et les autres. Je ne vous aime plus.

Salut Saleté ! A quoi ça rime tout ça ?

A six ans, je bavais d'envie devant les tourniquets, carrément magiques !
L'été dernier, Number two a eu le choix : entre toutes les tentations offertes  sur le port, lézards en plastique, colliers, pistolet à eau, crêpe, coquillages, yoyo, balles et autres tours de manège, il a élu ce p'tit moulin. Nous en avons  choisi un qui accomplit loyalement son métier. Essai dans le magasin : on souffle bien fort, ça tourne !
Après quelques heures, pour continuer à jouir du tournoiement des hélices et  jouir également des mains, le tourniquet a été coincé au portillon.
Aussitôt le vent en a plié le manche. Mamie est géniale : elle l'a rapidement renforcé par le corps évidé d'un feutre.
Plus tard, impossible de dissuader le garçon d'embarquer en train étendard brandi. Pour Maman, le sac sur le dos, un enfant dans chaque main, le piquenique dans l'autre et le lecteur dvd en sus, c'était difficilement jouable.  Dans un moment d'inattention, je rangeai l'objet du délit hors de vue.
Loin des yeux, loin du cœur, dans l'agitation du départ, le petit moulin fut oublié sur son étagère.
Il a patiemment attendu. Il est prêt pour les retrouvailles. Sera-t-il encore aimé ? Sera-t-il dédaigné, lâcheur, je suis grand maintenant ?

Salut le tourniquet ! Tournicoti, tournicoton, c'est l'été.

J'ai un nouvel invité, j'espère en faire bientôt un ami.
Matelas vient juste d'arriver. Deux gros bras l'ont introduit dans la maison puis immédiatement abandonné contre le canapé et s'en sont allés.
Je l'invite à me rejoindre à l'étage, je lui propose carrément de se mettre au lit. Il préfère attendre, voir un peu, faire plus ample connaissance, et est-ce qu'il y a dans les environs des enfants qui sautent sur les lits ? Combien je pèse ?  Et les câlins, quelle fréquence ? Couette ou couverture ? La fenêtre, ouverte ou fermée ?
Avec lui, cela ne s'annonce pas de tout repos. Je vais devoir l'amadouer. en dépit de sa fermeté, de sa grande fermeté. Pas le dresser, non, à l'horizontale, ce sera mieux, dès qu'il voudra.
Son âme est belle : 17 cm en latex. Peut-être que la la nuit, il rêve de grands arbres.

Salut Matelas ! Sois le bienvenu.

Édouard préfère que je l'appelle Ted ou encore  Monsieur Ted Lapidus ainsi que l'indique l'étiquette.
Édouard , Ted si vous préférez, est une serviette de plage mâle, adulte, à poil ras, un mètre quarante au garot, doux au toucher, doté en temps normal d'un assez bon caractère. Peu exigeant, facile à vivre.
Or depuis ce matin, très exactement depuis 7h12, Ted n'arrête pas de pleurer. Entre deux sanglots, il menace de se noyer ; il a même prévu des pierres pour se lester.
Il tient un discours incohérent. Que s'il encombre, il va dégager le passage rapide, tirer sa révérence, rideau définitif. Que les douches, c'est louche. Que ce ne sera pas la peine de le mettre à la pipette, il va se jeter à l'eau.
Vers 13h, Ted a  eu une petite rémission. Il m'a expliqué qu'il n'était pas raciste, surtout pas raciste du tout, il n'a rien contre les rideaux de douches, absolument rien, il en a même un parmi ses amis. Mais avoir été traité de rideau de douche lui est absolument intolérable. Ce n'est pas que les rideaux de douche sont des sous vêtements, des alèses, des sous draps ou des sous hommes, mais chapeau pointu turlututu bordel de merde, LUI n'est pas un rideau de douche.
Aussi respectable que soient les rideaux de douche, le traiter ainsi, c'est l'insulter : il ne veut pas en démordre.
En ce moment il cherche les numéros de téléphone de SOS Linge en danger et de Touche pas à ma nappe.

Salut Ted ! Salut Bob, je crois que tu vas avoir un procès sur le dos.

Rappelons que Bob a écrit :
Zou, tous à la poubelle et que l'on puisse passer sans encombre et y compris cette espèce de rideau de douche avec son soleil qui encombre le passage.

Blocs de bétons tous identiques, les appartements du lotissement se distinguent essentiellement par leurs portillons. Ils sont repeints au début de l'été, par tranches, un tiers chaque année, approximativement. Les volets des maisons également. Cela occupe nos hommes, lorsqu'ils ont fini de bricoler chez eux.
Plus ou moins bien lotis, plus ou moins bien aimés, ils ont été conçus selon les règles de l'art ou vaguement récupérés ci ou là avant d'être recyclés en portillons. Orgueuilleux ou branlants, cintrés ou courts sur gonds. racés ou de guingois.
Le mien est un petit bout surnuméraire de la balustrade de la mezzanine. Lui n'est pas banalement bleu. ROUGE ! Son copain, c'est le jaune.
Ratatinés tout l'hiver sur leurs solitudes, ils se racontent alors d'épouvantables histoires de trombes de vent, de grosses vagues, de gel à fendre les âmes, de capricornes et de termites, Ils tremblent d'avoir été définitivement abandonnés. Aux premières voitures, les voilà requinqués.

Salut les portillons ! Passez pompons !