(Là c'est trop nerveux et musclé pour que ce soit ma douce petite main)

Bonjour Ponceuse ! Tu débarques dans la maison. Notre première ponceuse. Comme quoi il y a des premières fois même pour les sexagénaires. Fais comme chez, toi, je t'en prie. J'ai cru comprendre que tu aimais la lissitude. Cella tombe bien car la rugosité de ce volet lui va mal au teint. Vas-y, lâche-toi. Tu peux lui tanner les fesses.

Wouah ! Tu avales la poussière ... Ce n'est pas mauvais pour la santé ? Je ne voudrais pas que tu rendes l'âme trop vite. Si ça se trouve, tu es aussi ma dernière ponceuse.

Tu sais que les ponceuses me rappellent de bons souvenirs. Une après-midi, j'avais prêté à un ami celle de Fille Jolie, et je l'ai regardé remettre à neuf sa table de travail. Ta cousine faisais un peu trop de bruit pour la conversation, mais vraiment, cela a été un bon moment.

Salut Ponceuse ! Je m'y remets.

- Holà, le fer, tu as l'air tout raplapla !

- Trop chaud.

- Tu devrais avoir l'habitude pourtant ?

- Trop longtemps que je n'ai plus servi.

- Mais comment tu peux être tout cabossé tout  en étant tout raplapla ?

- Bah, je ne fais pas dans la dentelle. Tu n'aurais pas un peu d'eau ?

- Pour boire ?

- Non, la bonne blague, pour me baigner.

- Je croyais que tu ne devais pas te mouiller la patte ?

- Laisse tomber, de toute façon je nage comme un fer à cheval.

- C'est plus grave que je ne le craignais.

Salut le fer ! Pour ton moral, tu devrais bouger, éliminer, chanter, danser et avaler un jus de citron.

Des Miro plein les mirettes !

Ben oui, les gribouillis, vous me plaisez beaucoup. Toutes ces gravures,  eaux fortes, aquatintes, grattages, tous ces ces portraits atypiques, vous m'avez saturée de couleurs et de poésie. Toi le chef d'orchestre, toi la fugitive, et toi Pantagruel et toi aussi la ballerine créole, oui, oui, vous m'avez tapé dans l'oeil.

Personne ne veut repartir avec moi ? Vous êtes si nombreux ici, cela ne se verra pas. Je suis quasi certaine que la fondation Miro de Barcelone a prêté sans compter. Un de plus, un de moins ...

Non ? Dommage.

Mais Inutile de faire vos jaloux. C'est promis, en repartant je ne jetterai qu'un coup d'oeil rapide et dédaigneux sur les Picasso, Picabia, Braque et Alechinsky. Bon, il y a aussi les petits livres de Miro avec René Char, Paul Eluard, Tristan Tzara ...

Allez, salut les Miro ! Puisque personne ne veut repartir avec moi, je vais devoir sortir mes feutres. Cela semble tellement simple. D'une telle évidence.

Il faut distribuer les souvenirs ramenés. Vraiment ? Vraiment ?

Pas envie. Non.

Salut les babioles ! Silence. On verra plus tard.

Bonjour le sac !

Et pourquoi voudrais-tu que je te vide ? Que je trie les frippes que tu as dans les tripes. Que je range. Pourquoi ?

On verra dans quelques jours.

Salut le sac ! Silence, tu me déranges.

Retour de vacances.

Un de mes projets s'effondre. Moi de même.
Je n'en avais pas d'autre.

Depuis quatre jours je cherche une petite cuillère pour ramasser les morceaux. J'en entrevois une. Il faut dire que nos petites cuillères ont des moeurs très indépendantes. Elles s'absentent régulièrement et souvent définitivement. Celle-ci veut bien aider.

Salut la cuillère. Il va y avoir du boulot.

Il est temps de reprendre son envol. Rentrer !

Salut la route et salut le chemin !

Trop, c'est trop !

J'en ai chopé une, j'en ai chopé une !

Avec cette hermine mon enquête s'achève.

Un argument ultime a conforté mes conclusions : la pluie dessinée sur les pancartes touristiques.

Et il y a ça aussi :

Affaire classée ! C'est donc bien en Mongolie extérieure que je viens de séjourner.

Salut l'hermine !

- Messieurs, avez-vous vu des traces de la blanche hermine ?

- Quelle blanche hermine ?

- Je dirais même plus, quelle hermine blanche ?

- D'accord, messieurs, dans la douceur régionale, l'hermine ne quitte quasiment jamais sa robe brune, mais l'avez vous vue ?

- Nous ne pouvons pas voir la blanche hermine si elle est brune.

- Je dirais même plus, la blanche hermine n'a pas le droit d'être brune, même avec un pinceau noir.

- Et moi je me demande si vous avez le droit d'être ici, les Dupondt brothers. Au fait, ici, c'est où ?

- Motus et Bouche cousue.

- Je dirais pas moins.

- Salut Messieurs ! Surtout de de la discrétion.

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