Le bruit s'est répandu qu'AniLouve recueillait les petits êtres abandonnés sur le trottoir. Et désormais, on me les signale. Ainsi hier m'a-t-on alertée au sujet d'une console agonisant rue des cinq diamants.

J'ai commencé par refuser tout net de m'en occuper. Désormais, le refuge est plein.

Pourtant je suis allée jeter un coup d'oeil et ce fut ma perte. Ce n'était pas une console, mais une jeune desserte, crasseuse, affaiblie, mais en pleine santé. Dès qu'elle a compris que je la regardais, elle a soupiré, tremblé, hoqueté, sangloté, râlé sans pour autant prononcer le moindre mot. Qu'auriez-vous fait ? Je l'ai prise par la main et ramenée à la maison.

Ce n'était vraiment pas malin !

Je l'ai douchée.

Ce n'était vraiment vraiment pas malin !  Elle n'avait encore jamais pris de douche de sa vie. Elle ne veut plus décoller du bac à douche.

Salut la petite desserte ! Merci pas à telle personne. Ou plutôt si :) !

Au secours, j'ai trop mangé, mon estomac se fait des noeuds.

Au secours, j'ai trop rêvé, voilà la baleine blanche.

Salut AniLouve, il serait préférable que tu reviennes demain.

- Vraiment tu fleuris toute l'année ? Même lorsqu'il neige ? C'est comment la neige ?

- La neige, c'est blanc, mais moins que moi. Je suis beaucoup plus clair de pétales que toi. D'ailleurs tu n'aurais pas une petite crise de foie ?

- C'est possible, car je ne te sens pas bien. Pourquoi t'es-tu fait désaromatiser ?

- J'étais allergique.

Salut les lys ! Curieux copinage.

Pitre et en plus menteur ! Tu es déjà passé sur mon blog, tu t'étais mis la tête à l'envers. Et en plus de faire le clown, je te surprends à mentir. Comment pourrait-il être déjà 18h38 alors que je n'ai encore rien fait ? Cela ne tourne pas rond dans ta petite tête.

Bon, je te salue vite fait. Ne t'affole pas ainsi. Voilà que ta grande aiguille est déjà sur le dix. Ce n'est pas possible. Respire un grand coup. Prends ton temps. Là, relaxe, Max !

- Crco, Croco, où es-tu ? Nous avons été séparés.

- Codi, c'est l'homme à la clé de 8 qui nous a séparés. Je ne peux pas te rejoindre. Je suis attaché. Mais je peux respirer, je n'ai rien de cassé.

- Croco, moi aussi je suis attaché, à un sommier. Je n'ai pas mal mais j'ai peur sans toi. Je suis tout triste.

- Codi, nous allons faire un pacte. Toi et moi allons caler nos positions l'un sur l'autre. Si tu fais le lotus, je fais le lotus, et si tu fais le Y, je fais le Y.

- Et si tu fais le crabe tordu, je ferai le crabe tordu. Mais comment saurons nous si l'autre change de posture ? Tu as un portable ?

- Nous ne sommes pas si loin que cela. Si tu parles fort, je t'entends. Mais nous allons mettre un code au point. Des petits clics, d'accord ? Ca va aller, Codi. Repose-toi un peu.

- Salut Croco. Oui, ça va aller. Comment-il s'appelait l'homme à la clé ?

- Gendre

- Salut Croco, salut Codi ! Ni pincement, ni grincement je vous prie.  Merci Gendre !

- Croco, tu crois qu'AniLouve va faire un cours de yoga ?

- Non Codi, je pense qu'elle va lancer un jeu des sept erreurs.

- Ou alors une leçon de sciences naturelles sur les crabes ?

- Pile ou face ? Symétries, rotations ... Un jeu de devinettes ?

- Croco, on ne peut jamais savoir à l'avance ce que va faire AniLouve.

- Mais moi je le sais. Demain, elle fait sauter des pommes de terres.

- Tu veux dire que demain nous allons avoir la visite du chef des boulons ? Celui qui détient une clé de huit ?

- Je le crois. Mais silence, laisse moi rêver. Bonne nuit Codi !

- Bonne nuit Croco !

- Hé, Loup, tu peux monter la garde tout seul un moment ? Il faut que j'aille vérifier ma gamelle.

- D'accord Kâli, j'ouvre l'oeil et je ne laisse personne toucher aux jouets de la petite Princesse.

- Merci Loup ! Salut !

- Salut Kâli ! A tout'

Lorsque je me suis installée à Paris, Fille Jolie m'a dotée de plusieurs kits de survie : vaisselle, produits d'entretien, outils, couture, sacs plastiques, chiffons, clouterie et visserie.

Les vis et les clous sont présentés dans une boîte rose, étiquetée sur le dessous "perles d'amandes et de noisettes entobées de chocolat noir et au lait".

Les vis et les clous, vous devriez faire davantage de gymnastique, vous entraîner à tourner sur la tête, hip hop, pyramides quincaillières, danses de salon, boxe, jonglerie, trapèze,  ... Du théâtre, de l'expression corporelle, du chant choral, de la poésie, de l'art, du rap, du saxo  ? Cela rallumerait un peu d'espoir en nous. Un peu de foi dans l'avenir. Ok ?

Salut les petits clous, salut les petits vices !

J'ai pris mon pied à l'exposition Keith Haring, quoique j'ignore pourquoi l'on parle de prendre son pied. Toujours est-il que dans un esprit d'équité, j'ai pris aussi les pieds du Monsieur.

D'abord le pied de gauche, donc le pied droit.

Puis le pied de droite, c'est à dire celui en biais.

On peut donc dire que le Monsieur a levé son pied gauche, mais pour autant on ne sait pas s'il s'est levé du pied gauche. Espérons que non, car il est condamné à tenir cette position pendant un paquet de temps.

Comment sont les pieds ? Les pieds sont l'objet d'une attention particulière.

Gauche, droit, à mon commandement, je vous salue !

Ma grand-mère me disait "couper les cheveux en quatre et les ravioles en deux". Et lorsqu'elle en avait marre de surveiller la cuisson d'un plat, elle le retirait du feu en annonçant "cuit ou crû, le feu l'a vu". Mais c'est une autre histoire, car il est rare de s'impatienter en attendant que les petits poissons de romans remontent respirer.

L'autre soir, je fais donc cuire la moitié de ma boîte de ravioles de Romans, je les égoutte, je les  mange, je lave mon assiette, je range mon assiette, jusque là tout va bien.

Passe un jour, et je m'apprête à baptiser dans l'eau bouillante le reste des petites bêtes. Je sors un faitout, je le remplis d'eau, je chauffe l'eau, j'ouvre mon réfrigérateur. Plus de catéchumènes ! Je les avais donc déjà mangés ? Parfois, je perds le compte des jours.

Faute de grives, j'ai cuit du riz et je l'ai consommé. Mais il m'a fallu ensuite un petit carré de chocolat à titre de consolation.

Et là, sous le chocolat, c'est la vérité entière, mes ravioles se planquaient.

Salut les ravioles ! Pas de quartier, à la casserole !